La Pierre de Mbigou, une marque qui fait la fierté de l’artisanat gabonais. Un emblème de la sculpture et de la décoration. Du monde entier, ils sont rares les touristes partis de notre pays sans emporter un souvenir taillé dans la pierre dite de Mbigou autour de laquelle une industrie prend peu à peu forme.

Aux origines Aux origines…

Nul ne saurait dire avec exactitude l’année de la découverte de la pierre qui est désormais labélisée sous le nom de « Pierre de Mbigou ». Cependant, il convient de dire qu’elle fut mise en valeur par un chasseur-artisan de Mbigou, une commune rurale de la province de la Ngounié, à 800 km de Libreville. Moulaloukou, du nom de compatriote, aurait fait sa découverte lors d’une partie de chasse. De l’histoire, il se dit que c’est en essayant de donner une forme à la pierre qu’il venait de ramasser que Sieur Malaloukou va réaliser qu’elle parvient à épouser les traits qu’il lui donne. Il va ainsi décider d’en prendre plus. Ainsi, de retour au village, il va remplacer la sculpture sur bois, sa spécialité, par celle de la pierre. Nous sommes là dans les années 1950.

Quelques figurines et des statuettes plus tard, un Européen, Jose Maria, forestier, tout en admiration du travail de Malaloukou. Il va décider d’en faire la promotion notamment auprès du gouvernement. Il va inviter une équipe du ministère de la Culture et des Arts à Mbigou. La délégation sera elle aussi en admiration du magnifique travail effectué par Malaloukou et les siens. C’est ainsi que « la pierre de l’entente » (de sa signification en langue Izèbi) va faire son entrée dans le domaine patrimonial et culturel du Gabon.

La création de la Coopam…

Conscient du potentiel du travail de la Pierre de Mbigou, les équipes du ministère de la Culture et des Arts recommandent l’installation des sculpteurs de Mbigou sur le site de l’ancien Lycée Technique, qui abrite aujourd’hui le Lycée Paul Indjedjet Gondjou, en 1970. Parmi les premiers artisans à faire le déplacement de Mbigou pour la capitale, figure Lossangoye, neveu de Malaloukou. Ils participeront à l’animation de l’atelier d’art qui existait déjà dans ledit lycée.

Puis, grâce à un partenariat entre le Gabon et le Canada, les sculpteurs vont être délocalisés à Alibandeng. Ils bénéficieront d’un atelier. Cette délocalisation était nécessaire pour la professionnalisation, mais aussi pour le développement du tourisme. Ils avaient été installés dans une zone à fort couvert végétal et donnaient l’idée d’un dépaysement aux tourismes qui y allaient. Une position qui leur sera d’ailleurs favorable à partir de 1981 lorsque Amiar Ngang’ang, ministre de la Formation professionnelle et de l’Artisana, insuffle l’idée de la création de la Coopérative des produits artisanaux de Mbigou (Coopam).

De la Pierre de Mbigou…

Des années 1950 à nos jours, les artisans s’approvisionnent en matériaux dans le département de la Boumi – Louétsi donc Mbigou est le chef – lieu. Une situation qui est due aux propriétés spéciales que renferme cette pierre. D’ailleurs, ce qui la rend spéciale repose essentiellement sur le rendu. Par la vue ou par le toucher, les produits issus du travail de cette pierre laissent entrevoir la finesse, la douceur, la tendresse et de la résistance. On est nécessairement sous le charme devant ces œuvres d’art.

Ces caractéristiques chimiques révèlent la présence du talc, du silicate, du magnésium, etc., ce qui lui donne une coloration gris-clair. C’est cette composition qui la rend assez malléable et facile pour lui donner n’importe quelle forme souhaitée. C’est ainsi que la Pierre de Mbigou sert dans toute la chaîne de décoration intérieure, voire extérieure, et même en joaillerie. On réalise des pendentifs, des petites boîtes à bijoux, des statuettes, des masques, fresques murales, etc. La Pierre de Mbigou s’associe très bien avec des essences précieuses du Gabon (Ozingo/Padouk). Les formes à lui faire épouser sont aussi diverses que multiples à l’image de la nature. Seulement, la réalisation la plus célèbre de la Coopam reste celle du logo de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG).

Toutefois, il faut dire que les artisans installés sur le site d’Alibandeng font face à de nombreuses difficultés dont l’interdiction par l’État de l’exploitation massive de la Pierre de Mbigou dans le but de la préservation de la ressource, mais aussi dans un but écologique. Cette situation a néanmoins une conséquence, la baisse du rendement.

Pour vous procurer les pièces faites en Pierre de Mbigou, vous pouvez vous rendre au siège du Coopam à Alibandeng ou dans les maisons artisanales de Libreville.